Bouturer ses plantes

Le bouturage est une technique de reproduction végétale qui consiste à utiliser une partie d'une plante pour en créer une nouvelle. Cela permet de reproduire des plantes rares (ou non) sans acheter de graines ou de nouveaux individus et de disposer de plantes génétiquement proches de la plante mère. Le bouturage est particulièrement utile pour reproduire des plantes comme les philodendrons, les monsteras, les syngoniums, les epipremnums et autres pothos. Le moment idéal pour bouturer ou multiplier une plante tropicale dépend de la plante en question, mais en général, il est recommandé de le faire pendant la période de croissance active afin de mettre un maximum de chance de votre côté.

Voici comment procéder afin de bouturer l’une de vos plantes :

Avant toute manipulation : Lavez-vous les mains ainsi que le matériel qui sera utilisé. Une désinfection régulière de vos accessoires est essentielle et multipliera vos chances de réussite !

Étape 1. Choisissez une plante verte en bonne santé. Cela permettra à votre bouture d’avoir plus de chances de réussir à développer des racines.

Les philodendrons ou les monsteras à croissance rapide sont généralement des plantes plus résistantes et plus faciles à bouturer, avec lesquelles vous pouvez réaliser vos premiers essais.

Étape 2. Sélectionnez une tige ou un bout de tige qui présente au moins une feuille et un nœud. L’idéal est de sélectionner une partie de la tige possédant d’ores et déjà des racines aériennes, elles se transformeront rapidement en racines terrestres. Coupez la tige en utilisant un scalpel, un couteau (si la tige est épaisse) ou un sécateur.

Attention : Votre matériel doit être propre et bien aiguisé. Une coupure nette réalisée avec du matériel stérilisé permettra de réduire les risques d’échec de votre bouture ainsi que d’infection de votre plante mère.

Étape 3.  Si la bouture choisie est de grande taille et possède plusieurs feuilles, vous pouvez retirer les feuilles du bas de la tige afin de stimuler la production de racines sur plusieurs zones de la tige. Si la bouture sélectionnée est une tige avec une seule feuille ne la coupez pas !

Le but est de laisser suffisamment de feuilles sur le tronçon coupé pour assurer la photosynthèse de la plante, sans pour autant épuiser cette dernière avec de trop nombreuses feuilles. Le but du bouturage est le développement d’un nouveau réseau racinaire, pas l’apparition de nouvelles feuilles.

Option 1 : bouturage en hydroponie passive / hydroponie active / aéroponie.

Étape 4.1. Préparez votre solution nutritive en mélangeant vos nutriments à votre eau (en suivant les instructions du fabricant). Vérifiez que la solution a une concentration adéquate en nutriments (EC ≤ 0,8) et que le pH est correct (entre 5.5 et 6.5). La température de votre eau est également à prendre en compte (même pour les plantes en pot !) et doit se situer entre 18°c et 20°c afin de limiter les risques de multiplications bactériennes et de ne pas stresser la plante avec une eau trop froide.

Privilégiez des nutriments destinés au développement racinaire dans les 5 à 15 premiers jours dans une eau au PH de 5.8 idéalement, un PH acide favorise le développement et la production de racines. La plupart des engrais racinaire sont également plus efficaces dans une solution à l'EC faible.

Attention : le PH ainsi que l’EC de votre solution peuvent varier très fortement les premiers jours. Corrigez votre solution avec parcimonie, la plante étant plus vulnérable aux surdoses de nutriments ou autres solutions de régulation.

Étape 5.1. Placez la bouture dans la solution nutritive ou dans son support de bouturage (ex : insert en mousse néoprène), vous pouvez également utiliser un substrat inerte comme des billes d'argile placées dans un pot panier. 

Si vous utilisez des substrats inertes (laine de roche, billes d’argile …) certains d’entre eux doivent être rincés et/ou tamponnés. (Tamponner et nettoyer ses substrats)

Étape 6.1. Installez votre bouture dans la configuration de votre choix :

- Hydroponie passive (photo 1)

- Hydroponie active (photo 2)

- Aéroponie (photo 3)

Étape 7.1. Placez la bouture dans un endroit chaud, humide et bien éclairé, mais évitez les rayons directs du soleil qui pourraient brûler les feuilles. Un dôme ou une petite serre en plastique sont idéals pour conserver l’humidité dont la bouture à besoin.

L’humidité optimale pour la majorité des boutures de philodendrons, de monsteras, de syngoniums, d’epipremnums et autres pothos est de 80% à 100%.

Si vous disposez de lampes horticoles, vous pouvez programmer ces dernières en mode 24h/24h. En effet, durant la phase « nuit » les plantes utilise les réserves de sucre contenues dans leurs racines pour se développer. Une bouture ne possédant que de petites racines n’aura pas de réserves suffisantes pour votre plante. Le plus simple est donc de lui éviter de piocher dans ces réserves en lui imposant une photosynthèse continue. 

Étape 8.1. Surveillez attentivement la croissance de la bouture et ajustez la concentration en nutriments et le pH de la solution nutritive en fonction de ses besoins.

Étape 9.1. Lorsque la bouture a suffisamment de racines, transplantez-la dans un pot ou un système hydroponique plus grand, selon votre envie !

Option 2 : bouturage en pot dans un substrat.

Étape 4.2. Sélectionnez le substrat de votre choix : sphaigne, perlite, coco, terreau mix … Imbibez le substrat avec une solution nutritive racinaire et assurez-vous que le substrat est bien humide, mais pas détrempé.

Si vous utilisez des substrats inertes (coco, sphaigne, perlite, laine de roche, billes d’argile) certains d’entre eux doivent être rincés et/ou tamponnés. (Tamponner et nettoyer ses substrats)

Pour trouver le substrat qui vous convient le mieux ainsi qu’à votre plante, nous vous conseillons de tenter de bouturer vos plantes dans plusieurs substrats ou en les mixant afin d’obtenir un mélange aéré mais à l’humidité suffisante. Vous pourrez en suite décider de votre substrat préféré ou de celui ayant obtenu les meilleurs résultats.

Toutes les plantes n’ont pas les mêmes besoins, certaines seront plus ou moins réceptives au substrat choisi.

Étape 5.2. Replissez votre pot à la moitié environ, plantez la bouture dans votre substrat puis finissez de remplir le pot.

Faites attention de ne pas enfoncer trop profondément la tige dans le terreau, afin que les feuilles restent à la surface et que les racines qui se développeraient en bas de la tige ne soient pas contraintes ou exposées.

Étape 6.2. Préparez votre solution nutritive en mélangeant vos nutriments à votre eau (en suivant les instructions du fabricant). Vérifiez que la solution a une concentration adéquate en nutriments (EC ≤ 0,8) et que le pH est correct (entre 5.5 et 6.5). La température de votre eau est également à prendre en compte (même pour les plantes en pot !) et doit se situer entre 18°c et 20°c afin de limiter les risques de multiplications bactériennes et de ne pas abimer la plante.

Privilégiez des nutriments destinés au développement racinaire dans les 5 à 15 premiers jours dans une eau au PH de 5.8 idéalement, un PH acide favorise le développement et la production de racines.

Étape 7.2. Placez la bouture dans un endroit chaud, humide et lumineux, mais pas en plein soleil. Un dôme ou une petite serre en plastique sont des accessoires idéals pour conserver l’humidité dont la bouture à besoin.

L’humidité optimale pour la majorité des boutures de philodendrons, de monsteras, de syngoniums, d’epipremnums et autres pothos est de 80% à 100%.

Étape 8.2. N'oubliez pas de vérifier régulièrement le niveau d'humidité du substrat et d'ajouter de l'eau si nécessaire. Ne laissez pas le sol sécher complètement.

Attention : certains substrats se déshydratent beaucoup plus rapidement que d’autres ! Il ne sert à rien de sur arroser le pot (ce qui ferait pourrir la bouture) mais un substrat sec (surtout les premiers 15j de bouturage) rendra votre bouturage plus qu’incertain.

Étape 9.2. Une fois que la bouture a pris racine et que de nouvelles feuilles ont poussé, vous pouvez la transplanter dans un pot de la taille supérieure.

Bouturer une plante variegata

Le bouturage d’une plante avec des variegations n’est pas une opération si différente du guide ci-dessus. La différence majeure sera la sélection de la tige à bouturer. 

Selon le but recherché (des feuilles plus blanches, ou tachetés, ou halfmoon …) il faudra sélectionner une plante possédant d’ores et déjà les phénotypes qui vous intéressent. Le but dans l’opération de bouturage sera d’isoler cette spécificité pour l’amplifier, il faudra donc garantir à votre bouture les conditions optimales.

Ainsi, lorsque vous couperez votre future bouture gardez en tête que les variegations privent les plantes d’une photosynthèse optimale, il faudra donc probablement couper une tige avec plus de feuilles ou au minimum 1 feuille avec assez de chlorophylle pour réaliser la photosynthèse de la plante.

Bouturage de tronçons

Pour finir, il est également possible de réaliser des boutures de tronçons d’une plante (une tige possédant 1 nœud sans feuille). 

Pour cela vous pouvez appliquer les mêmes techniques que vues précédemment. La bouture de tronçon est une méthode de bouturage plus longue, mais qui vous permettra de repartir de 0 avec une plante en mauvais état par exemple. Ne noyer pas votre tronçon ou il pourrira.

Pour cette méthode l’une des applications les plus simples et de placer votre tronçon dans une mini serre (ou une boite) sur de la sphaigne humide, ou de la perlite, en maintenant une hygrométrie importante. Laissez la boite / serre fermée continuellement, vous pouvez l’ouvrir une fois par jour pour changer l’air de la boite. 

Attention : les bactéries se développent toujours plus vite que de nouvelles plantes / racines, si vous choisissez cette méthode, il faudra bien nettoyer et désinfecter la boite utilisée avant d’y placer le substrat ainsi que les boutures. Dans le cas inverse, moisissures garanties !

Il est important de noter que le bouturage peut être une technique difficile et que les taux de réussite peuvent varier, notamment en fonction des espèces de plantes et du mode de bouturage choisi. Si vous n'avez pas réussi du premier coup, ne désespérez pas ! Persévérez et continuez à essayer jusqu'à ce que vous réussissiez à reproduire votre plante tropicale favorite.

Voici quelques conseils supplémentaires pour maximiser vos chances de réussite :

- Évitez de toucher au maximum les parties exposées de votre plante ou de votre bouture (racines en cours de croissance ou déjà développées, zone de coupe sur la tige) les bactéries présentes sur vos doigts peuvent endommager les jeunes racines de la bouture, ou transmettre des maladies à votre plante (même adulte).

- Gardez la température et l'humidité de l'air constantes. Les fluctuations de température et d'humidité peuvent être stressantes pour les plantes et peuvent compromettre leur bon développement. Utilisez un humidificateur, un accessoire plus adapté pour maintenir l’hygrométrie qu’un brumisateur qui n’aura un effet que temporaire. Vous pouvez également placez le pot de la bouture sur un lit de graviers / billes humides pour maintenir un taux d'humidité élevé si vous bouturez en pot.

- Soyez patient. Le bouturage peut être une technique qui demande du temps et de l’acharnement. Ne désespérez pas si votre bouture ne prend pas racine immédiatement ou si elle met un certain temps à se développer. Les variétés comme les philodendrons, les monsteras, et autres plantes vertes de la même famille peuvent prendre très longtemps avant de produire ne serait-ce qu’un début de racine ou de bourgeon. Si cette situation se présente, continuez à prendre soin de votre bouture, et elle finira certainement par se développer s’il reste du vert dans votre tige.

N’oubliez pas : vos premiers échecs seront vos prochaines réussites ! Vous savez ce qui a échoué la première fois et vous pourrez ainsi adapter votre technique au prochain coup !

Nous espérons que ce tutoriel vous aura été utile pour réussir à bouturer votre plante verte (ou non). Bonne chance !